Pourquoi le groove est-il de la musique sexuelle, voire sensuelle ?
- j'écoute du Marvin Gaye en rédigeant cet article et je me rend compte que sa musique transpire la sensualité. cette remarque n'est d'ailleurs pas seulement valable pour ce bon Marvin mais aussi pour Otis, James, ceux de Stax ou ceux de Motown, l'amour chez eux a du corps.
quand les Beatles chantent "I love you", on sent l'émoi d'adolescents, on pense baisers avec ou sans la langue, les mains qui se joignent au cinema, quand c'est un groover noir, le "I love you" est adulte, il sent la fougue et la sueur, les corps qui se frottent et si les mains se rejoignent aussi, ce n'est non plus dans la salle obscure du cinéma mais sur un lit aux draps chiffonés au milieu de bougies. Le "I love you" de la pop est bredouillant, timide ; il regarde ses pieds en rosissant et c'est souvent un amour spirituel et éternel mais qui a peu de chance de se réaliser ; celui du groove, se dit tout près de l'oreille à la base du coup, il ne dure que quelques chansons, le temps d'une bouteille de whisky, il n'est pas fidèle mais on s'y quitte bons amis. il a la couleur des boîtes de jaz, leur moiteur vénéneuse.
Qu'elles soient sussurées à la Marvin Gaye ou rugies à la Tina Turner, les chansons soul ou groove sont toujours lubriques. Pourquoi ? Est-ce à cause de la chaleur des cuivres omniprésents, de la présence d'onomatopées ou de petits cris et autres soupirs ? Est-ce la sensualité du sud de l'amérique, celles des esclaves, ou celles encore plus lointaines des tribus africaines, qui coulent dans leurs veines, ancien patrimoine génétique ? toujours est-il que c'est une musique de minorité, de pauvres, de laissés pour compte qui avaient une envie furieuse de s'exprimer tout comme les Brésiliens et leurs mélodies, suaves elles aussi.